Ce séminaire a porté sur une présentation de l'offre en cuivre par le BRGM, d'une modélisation prospective de l'offre et de la demande à 2050 par le CNRS, d'un exemple de recyclage de haute pureté par WEEEcycling et le point de vue d'un industriel consommateur Renault.
20 juillet 2021

Introduction de Dominique Viel, présidente du comité de pilotage du plan de programmation des ressources

Rétrospective sur la prise en compte des enjeux métaux depuis les années 2000

  • 2000 - 2009 : Emergence du concept de gestion durable des ressources naturelles (création de l’IRP au sein de l’UNEP en 2007)
  • 2010 – 2019 : Emergence de la notion de criticité suite à la crise des terres rares, naissance du Comes, de l’initiative matières premières de l’UE, stratégie sur les ressources dans la LTECV, économie circulaire (action 5 de la FREC), lancement du plan de programmation des ressources les plus stratégiques par la Ministre Brune Poirson ;
  • Depuis 2020 : Incitation industrielle, enjeu de relocalisation et d'approvisionnement responsable

L'offre minière en cuivre, point sur la production actuelle et les futurs projets – Mathieu Leguérinel, BRGM

Le cuivre : hier et aujourd’hui l’Amérique du Sud, demain l’Afrique ?

Des contraintes sur la production en Amérique du Sud : tensions pour l’accès à l’eau et à l’énergie, diminution des capacités de raffinage du Chili (pour mise en conformité), des gisements de plus en plus faibles teneurs, des normes plus strictes pour la gestion des déchets miniers et les rejets de particules fines et d’arsenic (les volumes des déchets augmentent inversement proportionnellement à la teneur).

Mais toujours largement privilégiée par les investissements, elle concentre l’essentiel des budgets de l’exploration dédiés au cuivre et les principales ressources connues et déclarées

Un potentiel en Afrique sous exploité : la copperbelt en RDC

Un raffinage dominé par la Chine : 46% du blister et 41% du cuivre raffiné

 

Vers une tension structurelle du cuivre ?

Une hausse des prix porté par de multiples facteurs conjoncturels (grève au Chili, taxe au Chili, une demande en ébullition en contexte post covid) et des facteurs structurels (une demande exponentielle éparpillée dans de nombreux secteurs, des investissements dans l’exploration insuffisants, des mines historiques en fin de vie).

Politique de stock de la Chine : achat lorsque les cours sont au plus bas et revente à la remontée des prix afin de réguler les prix.

Incertitude sur l’aboutissement des projets miniers en développement : nouvelles exigences environnementales et des prix trop bas

Modélisation de la sollicitation du cuivre jusque 2050 – Olivier Vidal, CNRS

Enjeux d’utilisation du cuivre : jusqu’ici le niveau de saturation dans la consommation de métaux en fonction du PIB par habitant, mais cela pourrait de nouveau croître avec la transition énergétique.

La part du cuivre recyclable varie grandement en fonction du pays : la Chine n’a rien à recycler en 2020. La consommation de cuivre ne pourra donc pas être satisfaite par le recyclage, et la production primaire fera face à trois limites principales :

  • L’opposition à l’extraction pour des raison sociales et environnementales ;
  • Le coût énergétique et donc financier de l’extraction, augmente en puissance de la dilution du cuivre dans le minerai, alors même que la concentration ne cesse de diminuer ;
  • Une limite thermodynamique dans la quantité d’énergie nécessaire pour extraire le cuivre du minerai, qui limitera la capacité de l’innovation technologique à compenser la baisse de concentration du minerai par une meilleure efficacité énergétique dans l’extraction.

Une augmentation du prix du cuivre semble inéluctable qui ne pourra pas être compensée par l’innovation technologique. Le seul moyen de mener à bien la transition écologique requerra de doubler le taux de recyclage du cuivre : cela se fera en organisant proactivement le recyclage, en repensant la conception de nos produits, et par une anticipation des acteurs industriels et une règlementation adaptée.

Opportunités sur le recyclage de cuivre de haute pureté – Serge Kimbel, Weeecycling

La production de cuivre représente 0,14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Weeecycling se concentre sur les déchets à faible concentration en cuivre, qui sont aujourd’hui en partie exportés, et également sur l’extraction et l’affinage d’or, d’argent et de platinoïdes.

Seul acteur proposant du cuivre 100% issu de recyclage et répondant à un cahier des charges avec spécifications élevées.

Le recyclage du cuivre répond à cinq problématiques pour les clients :

  • sécuriser son approvisionnement ;
  • garantir l’origine de la ressource ;
  • traiter les déchets dans le respect le plus strict de la règlementation ;
  • garantir l’optimisation financière des flux ;
  • réduire son l’empreinte carbone.

Point de vue industriel sur la perception et la gestion du risque d’approvisionnement en cuivre – Barbara Forrière, Renault

Exposition des constructeurs automobiles aux prix des matières premières et vision de Renault :

  • un véhicule électrique consommera 80 kg de cuivre, x4-5 par rapport au véhicule thermique
  • 15% de la demande en cuivre, soit 5 Mt, sera liée à la transition verte.
  • On s’attend ainsi à un équilibre offre-demande jusqu’en 2025, avant de voir un écart apparaître à moyen et long-terme si un nombre insuffisant de projets miniers se concrétise.

La part du coût des matières premières dans leurs coûts de production est amenée à augmenter avec les véhicules électriques.

Pour répondre à ces enjeux le groupe souhaite développer un modèle d’économie circulaire. L’objectif du groupe est de rendre ses fonderies autonomes dans leurs approvisionnements en cuivre en récupérant les rebuts de production et les pièces en fin de vie. En 2030, les véhicules neufs devront intégrer 30% de matières recyclées ; et l’objectif est d’augmenter de 100 M€ entre 2016 et 2022 la valeur générée par toutes les activités de recyclage à l’échelle du groupe.