Les métaux bénéficient d’une particularité : ils sont recyclables à l’infini. Leurs filières de recyclage contribuent à diminuer notre niveau de dépendance aux importations, mais quels sont leurs niveaux actuels de performance ? Extrait de l'article de Yannick Ménard, responsable de l'unité Déchets et Matières Premières au BRGM, publié dans Géosciences n°26 : "Métaux critiques, concilier éthique et souveraineté ?".
9 août 2022

Recycler, c’est avant tout diminuer les impacts environnementaux des déchets que nous produisons et limiter leur enfouissement ou leur incinération. Le défi principal du recyclage des métaux est d’ordre économique : les métaux recyclés doivent être produits à des coûts de revient équivalents à ceux produits à partir de minerais.

En France, les filières de recyclage se mettent en place progressivement, tirées par une demande mondiale qui ne cesse d’augmenter. Depuis plus de 20 ans, nous assistons à une envolée des prix des substances métalliques, initialement liée à une demande chinoise croissante, puis à la crise des terres rares dans les années 2010-2011 et plus récemment à la pandémie de Covid-19 qui a accentué la vulnérabilité de l’économie des pays occidentaux face à leurs approvisionnements.

La transition écologique et les politiques publiques qui prônent le déploiement massif des énergies renouvelables et de l’électromobilité vont participer à cette évolution, car toutes ces technologies consomment des quantités importantes de métaux de base et de métaux rares. D’après une récente étude de l’OCDE (2019), l’utilisation de matières premières devrait pratiquement doubler dans le monde d’ici à 2060. Pour ce qui concerne les métaux, la consommation passerait de 7 à 19 milliards de tonnes par an, faisant peser de sérieuses menaces sur les capacités d’approvisionnement.

Pour réduire la dépendance des économies mondiales aux métaux, le recyclage apparaît comme un levier incontournable.

Bilan du recyclage au niveau mondial

À ce jour, les seules données existantes au niveau mondial sont celles produites par l’UNEP (2011) qui estime le taux de recyclage en fin de vie de tous les métaux. Selon ce rapport, moins d’un tiers des 60 métaux étudiés sont recyclés à 50% ou plus et 34 éléments ont des taux de recyclage en fin en vie inférieurs à 1%, ce qui signifie qu’ils ne sont pas recyclés.
Ainsi, même si le stock de métaux potentiellement recyclables présents dans nos mines urbaines pouvait servir à diminuer la pression sur l’exploitation des ressources naturelles, on observe qu’il demeure des écarts considérables à combler et qu’une « société du recyclage autosuffisante » reste aujourd’hui loin d’être une réalité.